La rubrique étymologique
« Histoire des mots : les mots de l’histoire »
Savez-vous que la langue française est constituée à 80 % de mots latins ? A 10 % de mots grecs ?
Afin de comprendre en profondeur et dans leur sens premier les mots qui la composent, il est souvent primordial et fructueux de revenir à leur création, leur origine, leur première occurrence. Ainsi, je me propose d’éclairer encore un petit plus vos cours d’histoire- brillamment menés par ailleurs-, en retournant aux sources du mot historique, aux balbutiements des termes qui composent vos cours dans cette matière.
Ainsi peut-il être utile pour votre compréhension des textes et vos propres commentaires
de savoir que le mot « barbare » désigne au premier chef, non pas « l’étranger », mais en amont et littéralement « celui qui ne parle pas grec », eu égard aux borborygmes (les sons « br ») que les Grecs pensaient entendre en se rendant chez les Cariens, habitants d’Asie Mineure ; ou encore que le mots « église » vient d’un mot grec « ekklesia » signifiant le rassemblement : pour les hellénistes, il s’agit de la racine « kalew » qui signifie « appeler » et du préfixe « ek » qui indique la provenance : l’église est donc le lieu dans lequel on appelle à se rassembler des personnes venues du dehors . C’est proprement une
réunion par convocation ; pour rester dans les lieux de rassemblement, l’étymologie du mot « basilique » nous rappelle qu’avant d’être un lieu religieux, la basilique était un pur édifice politique et juridique. En effet le mot grec « basileus » (le roi) dont il dérive indique que la basilique était au départ une salle du palais royal où les princes rendaient la justice. Sous Constantin, empereur ayant officialisé la religion chrétienne dans l’empire romain, la basilique devient un lieu de rassemblement des fidèles pour des raisons pratiques ;
enfin, retenons que l’autoritarisme du « dictateur » est inscrit dans l’histoire même de son nom : c’est le verbe latin « dico » (dire) qui en est à l’origine mais doté du suffixe appelé fréquentatif (-ct-) qui a pour but d’intensifier le sens du radical. Ainsi le dictateur est à l’origine non pas celui qui dit mais « celui qui dit fort » ou de façon répétitive et proclamatoire.
Ainsi, vous verrez que lorsqu’on apprend à reconnaître la composition des mots, on voyage en profondeur dans leur champ sémantique. Toutes leurs couleurs et nuances apparaissent et résonnent entre elles pour faire sens, établir de multiples connexions et vous aider à retenir l’essentiel. Bon voyage étymologique !